Erreur médicale maternité d’Orthez : face aux nombreuses révélations suite à l’enquête, de nombreuses questions se posent …
Me Courtois, l’avocat de la famille de la jeune femme décédée à la maternité d’Orthez lors de son accouchement, réagit aux nouveaux éléments de l’enquête, et pose la question des responsabilités de l’équipe et de l’hôpital.
Article de presse lié
Orthez – erreur médicale : « J’ai promis la vérité à la famille » 
Le Parisien – 15/10/2014 – Extraits

Philippe Courtois, avocat des parents
C’est un confrère londonien qui a dirigé les parents de Xynthia vers cet avocat spécialisé dans les erreurs médicales. Philippe Courtois, qui a notamment représenté les victimes de prothèses mammaires, a reçu les parents de la victime à son cabinet de Bordeaux avant-hier, après les obsèques et avant qu’ils ne regagnent leur domicile à Londres.
« Ce qui devait être le plus beau jour de la vie de leur fille, et le leur, avec la naissance de leur premier petit-fils — heureusement en vie — s’est transformé en cauchemar », raconte l’avocat, désormais partie civile au dossier à leurs côtés.
« Je leur ai promis la vérité, au-delà de l’erreur médicale, qui est déjà prouvée. Quid en revanche de ce qui aurait pu être évité ? Je ne peux que me joindre aux parents en étant profondément choqué par ce qui apparaît comme un acte volontaire.Personne n’a forcé l’anesthésiste à boire. Elle avoue un problème d’alcoolisme chronique et, vu la quantité de bouteilles retrouvées chez elle, on peut supposer d’autres jours où elle a dû se trouver dans un état second. Une médecin, amenée à avoir des vies entre ses mains ! »
L’avocat s’interroge sur l’« entourage professionnel » : « Je ne peux imaginer que personne ne se rende compte de ses tremblements, d’une odeur, ni ne s’étonne de la voir se tromper de matériel, et que, mise à pied pour ne pas s’être présentée à une opération, personne n’ait cherché plus loin ! ».
La famille veut des réponses. « Et je veillerai à ce qu’on n’oublie jamais le fait central : le décès d’une jeune femme dont aucune indemnité ne fera oublier à sa famille sa perte. ». Et pas question que l’affaire se transforme en dommage collatéral « de généralités que j’ai déjà entendues sur la pénurie de personnel ou sur l’alcoolisme généralisé des anesthésistes ».
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Erreur médicale maternité d’Orthez : le long martyre des proches de Xynthia, décédée à 28 ans, après son accouchement 
Sud Ouest – 04/02/2020 – Extraits

La jeune femme n’avait pas survécu à une césarienne en 2014. Ivre lors des faits, l’anesthésiste sera jugée en mai. Les proches de Xynthia témoignent pour la première fois.
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Le renvoi du procès « fait mal»
À l’approche du 6 février, les proches de Xynthia s’étaient psychologiquement préparés.
Leur avocat Me Philippe Courtois en a supporté la charge. « Ils savent que le président va refaire l’instruction, que des choses excessivement difficiles vont être dites, explique-t-il. Jusqu’à l’audiencement, je les ai protégés, ils ne voulaient pas en savoir davantage. On peut préparer une victime mais on ne peut jamais tout prévoir. Une chose est sûre, la mémoire de Xynthia ne sera pas salie. ».
Le renvoi du procès à fin mai a été une nouvelle épreuve à surmonter. « Je suis tombé de très haut, ça m’a complètement désorienté, confie Yannick. L’instruction a déjà duré cinq ans. C’est long. ».
Engagé le même jour dans un procès d’assises, l’avocat de la défense Me Éric Dupond-Moretti a demandé le renvoi du procès.
« C’est incroyable que l’on apprenne ça trois semaines avant », s’agace Iris. Ni elle, ni ses proches n’ont pu se faire rembourser les billets d’avion.
Mais ce contretemps a d’autres conséquences, particulièrement pénibles. « Pendant toute l’instruction, nous n’avions pas le droit de récupérer le corps de Xynthia, raconte Iris. Aujourd’hui encore, il est au cimetière d’Orthez, en attente. La famille, Yannick, les amis d’enfance de Xynthia et moi allions être présents au procès. Nous voulions donc en profiter pour enfin organiser une cérémonie en sa mémoire au crématorium de Biarritz. J’étais prête à dire au revoir à ma sœur mais nous allons devoir encore attendre jusqu’en mai. ».
Yannick s’autorisait enfin à souffler. « Le procès devait me soulager, j’ai envie de reprendre une vie à peu près normale.&bsp;».
La présence de Me Dupond-Moretti, alias « Acquitator » nécessite une certaine préparation. « Je sais que ça va être dur, qu’il va certainement dire des choses difficiles. Il va faire son boulot mais j’aimerais qu’il se mette à notre place », souffle Yannick.
L’homicide involontaire fait encourir à Helga Wauters trois ans d’emprisonnement. Mais la peine n’est pas la seule priorité de la partie civile.
« Les faits sont d’une clarté évidente, assure Me Courtois. La réalité, on la connaît tous. L’erreur médicale est caractérisée. On frôle même avec le caractère volontaire. L’anesthésiste a bu délibérément, elle pratique une anesthésie. La frontière est mince avec l’acte involontaire. Elle ne doit plus être médecin. Officiellement, elle l’est toujours puisqu’elle est seulement suspendue. Les proches de Xynthia, eux, ont pris perpétuité dans la douleur. »
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